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21 avril 2009

LES PAYS DE L'ALBA REJETTENT LA RÉSOLUTION FINALE DU Vème SOMMET DES AMÉRIQUES

« L'unité de nos peuples n'est pas une simple chimère des hommes, mais le décret inexorable du destin »

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Auteure : Patricia RIVAS (Yvke)

Les pays participant au Sommet de l’Alternative Bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique (ALBA) ont décidé d’un commun accord de rejeter la résolution finale qui sera présentée au Vème Sommet des Amériques, qui se déroule depuis ce vendredi 17 avril à Trinité-et-Tobago.

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La déclaration, intitulée Document des Pays de l’ALBA pour le Vème Sommet des Amériques, contient 15 points, qui soulignent que la résolution ne donne pas de réponses au sujet de la crise économique mondiale, de l'exclusion et du blocus contre Cuba, de la crise de l’énergie et de la nécessité de mettre un terme aux pratiques impérialistes qui maintiennent les peuples sous domination.

« Il n'y a pas de consensus pour adopter le projet de déclaration (finale du Vème Sommet des Amériques), et en fonction de ce qui est exposé nous proposons de mener un débat de fond » sur les thèmes qui sont dans le Document des Pays de l'ALBA.

Le capitalisme, mécanisme qui « est en train d’en finir avec l'humanité et la planète », est un de ces sujets dont il est nécessaire de débattre, puisque « ce que nous vivons est une crise économique mondiale systémique et structurelle et non pas une crise cyclique de plus », comme l’exprime le document qui a été lu par le président de la République Bolivarienne du Venezuela, Hugo Chavez Frías.

La situation de la consommation énergétique et les impacts qu’elle a sur la planète ont été également inclus dans le texte, dû au fait que « le capitalisme a provoqué la crise écologique (...) chaque année on consomme un tiers de plus que ce que la planète est capable de régénérer ».

De plus, la nécessité de mettre en œuvre des mécanismes alternatifs au capitalisme, à travers la complémentarité et la solidarité et non pas la concurrence ; un système qui soit en harmonie avec la planète et non pas avec le pillage des ressources naturelles, le respect de la diversité culturelle, sans imposition de cultures et de styles de vie étrangers aux réalités des pays, basé sur la paix et la justice sociale et non pas sur les guerres impérialistes.

Les pays de l’ALBA exposeront également à la séance plénière du Sommet des Amériques qu'ils défendront le droit de créer des institutions propres avec leurs racines dans l'histoire commune, un outil d'approfondissement des processus de transformation sociale, économique et culturelle qui renforcera leur souveraineté.

De même, l’ALBA condamne la discrimination des immigrants de la région, « par conséquent nous demandons une réforme urgente des politiques migratoires des USA et l'élimination du mur entre les USA et le Mexique ».

Et pour finir, les Chefs d'État et de gouvernement de la Bolivie, du Honduras, du Nicaragua, de la Dominique, du Paraguay, de San Vincent et des Grenadines et du Venezuela plaideront pour « un monde où tous les êtres humains auront les mêmes droits et où il n'existera pas d’empire », c’est pourquoi ils réclameront au nouveau gouvernement des USA, présidé par Barack Obama, qu’il mette fin aux politiques interventionnistes dans la région

Voici le texte complet:

Document des pays de l’Alternative Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique (ALBA) pour le Vème Sommet des Amériques

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Cumaná, 17 avril 2009,

Nous, chefs d'État et de gouvernement de la Bolivie, Cuba, Dominique, Honduras, Nicaragua et Venezuela, pays membres de l’ALBA, considérons que le projet de Déclaration du Vème Sommet des Amériques est insuffisant et inacceptable pour les raisons suivantes :

- Il ne donne pas de réponse au sujet de la crise économique mondiale, bien que celle-ci constitue le plus grand défi auquel l'humanité ait à faire face depuis des décennies et la menace la plus sérieuse de notre époque au bien-être de nos peuples.

- Il exclut sans justification Cuba, sans mentionner le consensus général existant dans la région qui condamne le blocus et les tentatives criminelles d'isolement dont son peuple et son gouvernement sont sans cesse l'objet.

Pour ce motif, nous, pays membres de l’ALBA, considérons qu'il n'y a pas de consensus pour adopter ce projet de déclaration et en fonction de ce qui est exposé, nous proposons de soutenir un débat de fond sur les sujets suivants :

1) le capitalisme est en train de tuer l'humanité et la planète. Ce que nous vivons est une crise économique mondiale systémique et structurelle et non pas une crise cyclique de plus. Ceux qui pensent qu'avec une injection d'argent du Trésor et qu’avec quelques mesures régulatrices on résoudra cette crise, se trompent lourdement.

Le système financier est en crise parce qu’il cote des titres papier six fois la valeur réelle des biens et des services qui sont produits dans le monde. Ceci n'est pas une « défaillance de régulation du système » mais c’est une partie intégrante du système capitaliste qui spécule avec tous les biens et les valeurs à la recherche du profit maximum. Jusqu'à présent, la crise économique a provoqué 100 millions de plus d’affamés et plus de 50 millions de nouveaux chômeurs et ces chiffres vont en augmentant.

2) le capitalisme a provoqué la crise écologique en ayant soumis les conditions nécessaires à la vie sur la planète à la prédominance du marché et du profit. Chaque année on consomme un tiers de plus de ce que la planète est capable de régénérer. À ce rythme de gaspillage du système capitaliste, en 2030, nous aurons besoin de deux planètes Terre.

3) La crise économique mondiale, la crise climatique, alimentaire, énergétique sont le produit de la décadence du capitalisme qui menace de mettre un terme à l'existence même de la vie et de la planète. Pour éviter ce dénouement il est nécessaire de développer un modèle alternatif au système capitaliste. Un système de :

- Solidarité et de complémentarité et non de concurrence.

- Un système en harmonie avec notre Terre Mère et non celui de pillage des ressources naturelles.

- Un système de diversité culturelle et non d'anéantissement de cultures et d’imposition de valeurs culturelles et de styles de vie étrangers aux réalités de nos pays.

- Un système de paix basé sur la justice sociale et non sur des politiques et des guerres impérialistes.

- Pour simplifier, un système qui rétablisse la condition humaine de nos sociétés et de nos peuples et qui ne les réduise pas à de simples consommateurs ou marchandises.

4) Comme expression concrète de la nouvelle réalité du continent, nous, pays latino-américains et caribéens, avons commencé à construire des institutions propres, qui plongent leurs racines dans l'histoire commune et remonte à notre Révolution indépendantiste, elle constitue un outil concret d'approfondissement des processus de transformation sociale, économique et culturelle qui devront renforcer notre entière souveraineté. L'ALBA-TCP, Petrocaribe ou l'UNASUR, pour ne citer que les plus récents, sont des mécanismes d'union solidaire crées au coeur de ces transformations, avec l'intention manifeste de promouvoir l'effort de nos peuples pour atteindre leur propre libération.

Pour faire face aux graves effets de la crise économique mondiale, nous,  pays de l'ALBA-TCP, avons pris des mesures novatrices et transformatrices, qui cherchent de réelles alternatives à l'ordre économique international déficient et non à renforcer leurs institutions qui ont échoué. C’est ainsi que nous avons mis en marche un Système Unique de Compensation Régionale, le SUCRE, qui inclut une Unité de Compte Commune, une Chambre de Compensation de Paiements et un Système Unique de Réserves.

Nous avons également encouragé à la constitution d'entreprises grannacionales (1) pour satisfaire les besoins fondamentaux de nos peuples, en établissant des mécanismes de commerce juste et complémentaire, qui laissent de côté la logique absurde de la concurrence effrénée.

5) Nous interrogeons le G20 sur la décision de tripler les ressources du Fonds Monétaire International, alors que le besoin réel est d'établir un nouvel ordre économique mondial qui inclut la transformation totale du FMI, de la Banque Mondiale et de l'OMC, qui avec leurs conditionnements néolibéraux ont contribué à cette crise économique mondiale.

6) Les solutions à la crise économique mondiale et la définition d'une nouvelle architecture financière internationale doivent être adoptées lors de la réunion du 1er au 3 juin avec la participation des 192 pays à la Conférence sur la crise financière internationale des Nations Unies, pour proposer la création d'un nouvel ordre économique international.

7) Quant à la crise du changement climatique, les pays développés ont une dette écologique à l’égard du monde puisqu'ils sont responsables des 70 % historiques d’émissions de carbone accumulées dans l'atmosphère depuis 1750.

Les pays développés, débiteurs envers l'humanité et la planète, doivent apporter des financements significatifs à un fonds pour que les pays en voie de développement puissent entreprendre un modèle de croissance qui ne répète pas les graves dommages de l'industrialisation capitaliste.

8) Les solutions aux crises énergétique, alimentaire et climatique doivent être intégrales et interdépendantes. Nous ne pouvons pas résoudre un problème en créant d'autres problèmes dans des secteurs fondamentaux pour la vie. Par exemple, généraliser l'utilisation des agro-carburants ne peut qu’influencer négativement les prix de l’alimentation et l'utilisation de ressources essentielles comme l'eau, la terre et les forêts.

9) Nous condamnons la discrimination des migrants sous toutes ses formes. La migration est un droit humain, non un délit. Par conséquent, nous demandons une réforme urgente de la politique migratoire du gouvernement US, dans le but de freiner les déportations et les rafles massives, permettre la réunification des familles, nous réclamons également la destruction du mur qui nous sépare et nous divise, au lieu de nous unir.

En ce sens, nous réclamons l'abrogation de la Ley de Ajuste Cubano (2) et l'élimination de la politique de Pies Secos Pies Mojados (3), à caractère discriminatoire et sélectif, responsable de pertes en vies humaines.

Les véritables coupables de la crise financière sont plutôt les banquiers qui ont volé l'argent et les ressources de nos pays et non les travailleurs migrants. D'abord il y a les droits de l’homme, et en particulier les droits de l’homme du secteur le moins protégé et en marge de notre société que sont les migrants sans papiers. Pour qu'il y ait intégration il doit avoir la libre circulation des personnes, et les droits de l’homme égaux pour tous quel que soit leur statut migratoire. La fuite de cerveaux constitue une forme qualifiée de pillage des ressources humaines exercée par les pays riches.

10) Les services de base, l’éducation, la santé, l’eau, l’énergie et les télécommunications doivent être déclarés comme étant des droits de l’homme et ils ne peuvent pas être l'objet d’un commerce privé ni être marchandisés par l'Organisation Mondiale du Commerce. Ces services sont et doivent être essentiellement des services publics et d'accès universel.

11) Nous voulons un monde où tous les pays, grands et petits, aient les mêmes droits et où il n'existe pas d'empire. Nous plaidons pour la non-intervention. Nous devons renforcer, comme unique voie légitime pour la discussion et l'analyse des agendas bilatéraux et multilatéraux du continent, la base du respect mutuel entre les États et les gouvernements, sous le principe de la non-ingérence d'un État dans un autre et l'inviolabilité de la souveraineté et de l'autodétermination des peuples.

Nous demandons au nouveau gouvernement US, dont l'arrivée a soulevé quelques attentes dans la région et dans le monde, qu’il en finisse avec la longue et néfaste tradition d’interventionnisme et d’agression qui a caractérisé l’action des gouvernements de ce pays tout au long de l'histoire, tradition spécialement en recrudescence durant le gouvernement de George W. Bush.

Et de la même manière, qu’il élimine les pratiques interventionnistes comme les opérations cachées, les diplomaties parallèles, les guerres médiatiques pour déstabiliser des États et des gouvernements, et le financement de groupes déstabilisateurs. Il est fondamental de construire un monde où l’on reconnaisse et l’on respecte la diversité des points de vue économiques, politiques, sociaux et culturels.

12) En ce qui concerne le blocus des USA contre Cuba et l'exclusion de ce pays du Sommet des Amériques, nous, pays de l’Alternative Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique, réitérons la Déclaration adoptée par tous les pays d'Amérique latine et des Caraïbes le 16 décembre 2008, sur la nécessité de mettre fin au blocus économique, financier commercial du gouvernement US contre Cuba, y compris l'application de la loi Helms-Burton, qui déclare notamment :

- « CONSIDÉRANT les résolutions approuvées par l'Assemblée Générale des Nations Unies sur la nécessité de mettre fin au blocus économique, commercial et financier imposé par les USA contre Cuba, et les déclarations et positions sur la fin du blocus qui ont été approuvées dans de nombreuses réunions internationales.

- « Nous AFFIRMONS qu’en défense du libre échange et de la pratique transparente du commerce international, l'application de mesures coercitives unilatérales s'avère inacceptable car elles affectent le bien-être des peuples et empêchent les processus d'intégration.

- « Nous REJETONS de la manière la plus énergique l'application de lois et de mesures contraires au droit international comme la Loi Helms-Burton et nous exhortons le Gouvernement US à mette fin à son application.

- « Nous DEMANDONS au gouvernement US de respecter ce qui est stipulé dans les 17 résolutions successives approuvées dans l'Assemblée Générale des Nations Unies et qu’il mette fin au blocus économique commercial et financier qu'il maintient contre Cuba. »

De plus, nous considérons que les tentatives d'imposer l'isolement de Cuba ont échoué, qu’aujourd'hui il est partie intégrante de la région d'Amérique latine et des Caraïbes, membre du Grupo de Río et d'autres organisations et mécanismes régionaux, qu’il développe une politique de coopération et de solidarité avec les pays de la région, qu’il promeut la pleine intégration des peuples latino-américains et caribéens et, par conséquent, qu’il n’y a aucune raison justifiant son exclusion du mécanisme des Sommets des Amériques.

13) Les pays développés ont dégagé pas moins de 8000 milliards de dollars pour sauver la structure financière qui s’est effondrée. Ce sont les mêmes qui ne veulent pas débloquer de petites sommes pour atteindre les Objectifs du Millénaire ou 0,7% du PIB pour l'Aide Officielle au Développement. Jamais auparavant l’hypocrisie du discours des pays riches n'avait été mise autant à nu. La coopération doit s’établir sans condition et s'adapter aux agendas des pays bénéficiaires en simplifiant les démarches, en rendant accessibles les ressources et en privilégiant les thèmes de l’inclusion sociale.

14) La lutte légitime contre le narcotrafic, le crime organisé, et toute autre manifestation des « nouvelles menaces » ne doivent pas servir d’alibis pour lancer des actions d’ingérence et d’intervention contre nos pays.

15) Nous sommes fermement convaincus que le changement, que tout le monde espère, ne peut venir que de l'organisation, de la mobilisation et de l'unité de nos peuples.

Comme l’avait si bien affirmé le Libérateur :

« L'unité de nos peuples n'est pas une simple chimère des hommes, mais le décret inexorable du destin ». Simón Bolívar

Notes:
1) Grannacional : Le concept "grannacional" est inscrit dans le statut conceptuel de l’ALBA. C’est un concept essentiellement politique, mais il englobe tous les aspects de la vie de nos pays. Il a plusieurs fondements:

- Un fondement historique et géopolitique, la vision bolivarienne de l’union bolivarienne des républiques latino-américaines et caribéennes pour la construction d’une grande nation. C’est la géopolitique du génie bolivarien, en actualité absolue dans un monde dominé par la globalisation néolibérale, qui dans les dernières décennies a adopté la forme de blocs économiques régionaux et sous-régionaux.

- Le concept "grannacional" peut s’assimiler à celui d’un méga-État, dans le sens de la définition avec de grandes lignes d’action politique commune entre États qui partagent la même vision de l’exercice de la souveraineté nationale et régionale, en développant et déployant chacun sa propre identité sociale et politique. Sans que cela implique dans le moment actuel la construction de structures supranationales.

En conséquence, le "grannacional" est le processus qui est expérimenté aujourd’hui sous les principes de l’ALBA, dans la perspective de parvenir à l’union politique de ses républiques pour construire la Gran Nación [Grande Nation] que leurs personnages illustres ont rêvé, et vers laquelle les poussent la dynamique du monde actuel dominé par les grandes puissances industrialisées et les blocs économiques hégémoniques.

2) ley de Ajusto Cubano : loi d’ajustement cubain ; En 1966, le Congrès US a adopté la loi d’Ajustement cubain qui octroie à n’importe quel citoyen cubain qui émigre légalement ou illégalement le statut de résident permanent. Cette législation a pour objectif d’inciter à l’émigration illégale afin d’utiliser celle-ci comme arme politique contre le gouvernement cubain. A cette loi, il convient d’ajouter la guerre économique brutale que les USA appliquent contre Cuba depuis 1960, qui affecte énormément la population et qui constitue un facteur d’incitation à l’émigration.
Source : Michel Collon 

3) Pies secos pies mojados : « pieds secs, pieds mouillés » : Loi approuvée par Bill Clinton le 11 janvier 2006, cette loi garantit automatiquement le permis de résidence aux émigrés cubains qui parviennent à poser le pied sur le sol américain ; quant à ceux qui sont interceptés en mer par les garde-côtes américains, ils sont renvoyés à Cuba. Source : rfi

Pour Moncada
Tlaxcala

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Source :
Países del ALBA rechazan la resolución final de la V Cumbre de las Américas 
Article original publié le 17/4/2009

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